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Blog'n Rock
7 août 2011

George Harrison - "All Things Must Pass" (1970)

George_Harrison-All_Things_Must_Pass-Frontal

Mai 1970, le monde du rock tombe en dépression: Paul McCartney annonce que les Beatles, c'est fini. Pourtant, 1970 est une année qui réussit quand même aux Beatles, puisque chacun va faire ses prouesses en solo. John Lennon abandonne ses conneries conceptuelles avec Yoko Ono pour se consacrer à nouveau à de la vraie musique, et sort son chef d'oeuvre Plastic Ono Band. Paul McCartney, en tant que grand faiseur de tubes, séduit directement le grand public avec son premier album éponyme, qui contient le tube  Maybe I'm Amazed. Ringo... euh... reste Ringo. Mais malgré le chef d'oeuvre de Lennon, c'est véritablement George Harrison, mon Beatle préféré, qui tire son épingle du jeu, en sortant en 1970 un des plus beaux albums de l'histoire de la musique enregistrée, All Things Must Pass. De très loin son meilleur disque (malgré l'excellent Living In The Material World de 1973), le meilleur disque d'un ex-Beatle en solo, et un des meilleurs disques de l'histoire du rock. Particularité pour cette oeuvre: elle est double, et en plus, elle est vendue à l'époque avec un disque bonus (exactement comme fera Stevie Wonder plus tard avec Songs In The Key Of Life). Cet album bonus, c'est une sélection de jams studio, d'impros, enregistrées avec Eric Clapton, Bobby Whitlock, Carl Radle et Jim Gordon, c'est-à-dire la quasi-intégralité de Derek And The Dominos (il manque juste Duane Allman).

Mais revenons au double original, constitué de 18 véritables chansons produites pas le fou furieux (mais vraiment, au sens propre, d'ailleurs, il est actuellement en taule pour meurtre) Phil Spector et son fameux mur du son. Déjà, la pochette est marquante et très amusante. Harrison au milieu de nulle part, avec autour de lui quatre nains de jardin, qui représentent évidemment les Beatles. L'édition CD propose trois autres visuels avec la même photo, mais subissant les effets du temps: usine, HLM, centrale nucléaire... All Things Must Pass. On achèterait presque l'album pour la pochette. Pour savoir ce qu'il en résulte, de cette photo. Autant le dire, celui qui achète le disque juste pour la pochette... ne sera pas déçu. Pire, il va se prendre une des plus grosses claques musicales de toute sa vie. Tout démarre avec I've Had You Anytime, une chanson écrite avec... Bob Dylan ! Hyper planante, reposante, cete ballade d'ouverture magnifique. On est direct face à un sommet que l'on se prend en pleine poire. La beauté est telle qu'elle en coupe la respiration. Une des plus belles chansons de l'album, et, bien qu'il en reste 17, on a du mal à ce remettre de ce titre d'ouverture tout simplement au-delà des mots. Mais toute la face A est au-delà des mots. La preuve avec My Sweet Lord. Bon, celle-là, c'est un tube. Tout le monde la connaît, mais on ne s'en lasse pas: chaque écoute de cette chanson est un pur bonheur auditif, jamais la guitare d'Harrison n'a semblé aussi belle. Hare krishna est le mantra de cette merveille insurpassable, un des grands sommets absolus de l'album.

Plus rock est Wah-Wah, où, sur le coup, la production de Spector fait un peu 'too much'. Le morceau est inutilement cacophonique dans son final. Après, ça reste une sacrée chanson, encore un sommet, qui reste longtemps dans la tête et avec lequel on n'a qu'une envie: le remettre. Je n'ose imaginer ce que cette chanson donne en live (malheureusement, c'est un peu tard pour voir Harrison en concert...). Mais la version studio, elle, est magistrale, même si elle aurait merité un peu moins de mur du son Spectorien. La face A se termine avec un classique absolu, une chanson mythique et indémodable. Les sept minutes de Isn't It A Pity. Inutile de le préciser pour ceux qui connaissent le disque: cette chanson, reprise en fin d'album, et le pilier absolu du disque, le pinacle total de All Things Must Pass. Sept minutes (pour la première version) qui se passent de commentaires. D'ailleurs, je n'en ferai pas, tant cette chanson est un diamant brut que tout le monde doit écouter au moins une fois dans sa vie.

Difficile de passer après une telle face A. Pourtant, la suite des hostilités est grandiose. La face B s'ouvre en fanfare avec l'entraînant What Is Life, qui fut un petit tube à l'époque. Une chanson qui a, justement, toute l'envergure du tube. C'est une chanson entraînante, qui ne prend pas la tête et demeure sympa au possible. Une très bonne ouverture de face, qui prouve que Harrison savait y faire dans tous les domaines musicaux (Isn't It A Pity étant plutôt calme et pas spécialement joyeuse). Puis, le passage country du disque, avec deux titres à la mélodie un peu country, très reposants et agréables à défaut de faire partie des meilleures de l'album. If Not For You est signée Bob Dylan, et c'est normal, puisqu'il s'agit d'une reprise du barde. La version originale est sortie la même année, sur le médiocre New Morning, qui prouve qu'au début des années 70, Dylan était vraiment au creux de la vague. La version d'Harrison est meilleure en tous points, et est franchement un bon moment. Behind That Locked Door est de la même trempe, très sympa, même si ne faisant pas partie des meilleures du disque.

En revanche, Let It Down, elle, est immense. Mais alors, immense. D'apparence, c'est plutôt calme, zen. Du moins les couplets. Car les refrains, bouillants et énervés, remplis de cuivres qui semblent transpirer leurs accords, sont le réveil glacial de la chanson. Tout le génie de George Harrison est prouvée à travers cette chanson décapante et magistrale, un des tous meilleurs moments de All Things Must Pass. La face B (et donc, le disque 1) se refermait sur Run Of The Mill, un morceau très pop, frais et agréable, qui ne promet que le meilleur pour la deuxième partie.

Une deuxième partie s'ouvrant sur un morceau déchirant. Beware Of Darkness est un sommet. Un sommet lacrymal, à ne pas écouter quand on a le blues, car ça ne vous aidera pas à aller mieux. Une des plus belles chansons de l'album, un passage déprimant, aussi, mais magnifique. Apple Scruffs remonte le moral. Chanson acoustique, un peu 'sur le vif', champêtre dirons-nous, c'est un morceau très joyeux sans pour autant tomber dans le gonflant. La face C alterne vraiment entre morceaux enjoués et morceaux plus mélancoliques dans l'âme. Ballad Of Sir Frankie Crisp (Let It Roll) se rapproche un peu du morceau d'ouverture. On retrouve ce même côté planant qui empêche la chanson de finir en simple chanson pop. Ce style typiquement Harrisonien et qui a inspiré quantité de groupes, notemment pour le mouvement britpop (The Verve, Blur, Oasis, Radiohead...) sera surnommé la Krishna pop. Ballad Of Sir Frankie Crisp (Let It Roll) est d'une magnificence absolue. Un chef d'oeuvre en hommage à Frankie Crisp, un ancien habitant du manoir dans lequel vivait Harrison. Awaiting On You All, totalement enjouée, souffre du syndrome Phil Spector. Ici, clairement, trop de production. Le mur du son vient gâcher. La chanson en elle-même est excellente, mais la production est 'over the top' avec tous ces cuivres (ça fait vraiment grosse fanfare !)... Awaiting On You All n'en demeure pas moins très bonne. Mais la production fonctionne mieux avec les titres planants, et c'est clairement ce qui est prouvé avec le titre éponyme de l'album, All Things Must Pass. Cette chanson est clairement du niveau d'un Isn't It A Pity ou Beware Of Darkness. C'est-à-dire une pure merveille mélodique, interprétée par un Harrison plus que jamais ruisselant de génie. Ce morceau mérite amplement son titre éponyme, un titre un peu lourd à porter parfois, car c'est sur celui-là que l'auditeur fonde tous ses espoirs...

La face D démarre avec le morceau le plus Beatlesien du lot, un titre qui aurait pu se retrouver sur le White Album, voire sur Abbey Road. Ce titre, c'est I Dig Love. Une prouesse mélodique un peu sombre, un peu Lennonienne, même. La chanson est un tantinet longuette (elle aurait été meilleure raccourcie d'une minute) mais demeure un grand moment. De toute façon, quelle chanson de All Things Must Pass n'est pas un grand moment ? Tiens, en parlant de grands moments, Art Of Dying tombe à pic. Des riffs géniaux, une section rythmique du tonnerre de Dieu, cette chanson est l'une de mes préférées du disque. C'est très subjectif, car il y a mieux, sur All Things Must Pass, mais Art Of Dying, contrairement à ce que son titre laisse penser, est immortelle. Comme tout l'album, d'ailleurs.

Harrison a décidément tout prévu... Peut-être avait-il peur que l'auditeur oublie cette face A absolument merveilleuse arrivé au bout de l'album ? Donc, il a vraiment tout prévu en sortant une deuxième version du sommet culminant du disque, Isn't It A Pity (Version Two). Une version considérablement raccourcie (deux minutes de moins), plus sobre musicalement. Moins grandiose que la première, on s'en serait douté, mais cette deuxième version ne semble pas pour autant être du remplissage, et elle augmente le plaisir d'écoute du disque. Mais il faut un final détonnant, après tout ce que l'on vient de se prendre dans la tronche. Et là, encore, Harrison a tout prévu. Hear Me Lord est... comment dire... féérique !? Je ne sais pas si le mot est assez fort... Toujours est-il que cette chanson referme le disque sur une note absolument titanesque, digne de l'album lui-même. Une grande fin.

Je ne m'attarderai guère sur le disque bonus de jams (qui, je le rappelle, était vendu avec le vinyle original, pas de simples bonus CD), qui est pour tout dire, furieusement inégal. Bon, il faut à tout prix écouter Out Of The Blue, une cavalcade insensée de 11 minutes, un titre extraordinaire digne du meilleur de Clapton. Mais durant tout le reste de ces bonus... on s'emmerde un peu. Ce n'est pas spécialement mauvais, c'est juste moyen et férocement inutile par rapport au reste de l'album. C'est pourquoi il vaut mieux en rester aux 18 chansons des deux premiers disques, qui sont toutes horriblement fabuleuses, fantastiques. All Things Must Pass, c'est ça, c'est un enchaînement jamais ennuyeux de chansons toutes plus monumentales les unes que les autres. Un chef d'oeuvre absolu dont on ressort les larmes aux yeux, car tant de beauté est difficilement supportable pour un seul être humain.

DISC 1

1. I've Had You Anytime (2.57)

2. My Sweet Lord (4.37)

3. Wah-Wah (5.35)

4. Isn't It A Pity (7.08)

5. What Is Life (4.22)

6. If Not For You (3.27)

7. Behind That Locked Door (3.05)

8. Let It Down (4.57)

9. Run Of The Mill (2.51)

DISC 2

1. Beware Of Darkness (3.48)

2. Apple Scruffs (3.04)

3. Ballad Of Sir Frankie Crisp [Let It Roll] (3.46)

4. Awaiting On You All (2.45)

5. All Things Must Pass (3.44)

6. I Dig Love (4.54)

7. Art Of Dying (3.37)

8. Isn't It A Pity [Version Two] (4.45)

9. Hear Me Lord (5.48)

BONUS DISC (JAMS)

1. Out Of The Blue (11.13)

2. It's Johnny's Birthday (0.49)

3. Plug Me In (3.18)

4. I Remember Jeep (8.05)

5. Thanks For The Pepperoni (5.32)

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Commentaires
P
Du très bon!Malgré le temps qui passe,ça reste toujours aussi bon!
P
Oui en effet ...à écouter de nouveau !! et en urgence même...comme le temps passe vite ..merde
J
Bonjour Koamaé ! Tu as tout dit ! Un disque spectaculaire produit par l'allumé de génie qui inventa le wall of sound . De ce disque, je connais surtout (comme tout le monde en effet) le fameux "My Sweet Lord " et j'avoue adorer cette chanson . Le reste de l'album est du meme acabit et , ta chronique me donne une furieuse envie de le réecouter cet opus ! Bel été rock à toi !
K
sûr !
A
immense disque en effet: un indispensable quoi...
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